Who’s the painter ?

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WHO’S THE PAINTER

Une conséquence de «Gólgota picnic» …

Le samedi soir 19 novembre 2011, je pédalais vaillamment quand au moment de traverser le pont-neuf, mon élan fut stoppé net par la scène terrifiante qui se déroulait sous mes yeux. Plusieurs centaines de personnes brandissant drapeaux tricolores frappés du coeur du Christ Roi, crucifix géant et banderoles nauséabondes, défilent en silence précédés d’un rempart d’enfants. J’ai l’impression d’être victime d’une déchirure temporelle qui m’aurait projeté aux pires heures de l’Espagne Franquiste ou au temps de la première croisade. Peu importe la couleur des drapeaux, le relent identitaire est le même. Repli sur soi et exclusion de celui qui
est différent sont l’apanage commun à tous les intégristes, traditionalistes, nationalistes et extrémistes. Peu importe la dénomination, quelque soit l’époque, le pays, la religion, les objectifs sont les mêmes : étouffer la liberté, la tuer, pour laisser cours à leur endoctrinement mortifère.
Une nuit noire obscurcit Toulouse, j’ai l’impression de voir la lueur vacillante des torches. Quel sens du spectacle !
L’ambiance est lourde, asphyxiante, mon coeur s’arrête, les larmes me montent aux yeux, je suis ulcéré, révolté. Ce sont ces fanatiques que nous retrouverons dans les manifestations contre le mariage pour tous, qui défilent contre la proposition théâtrale «Gólgota picnic».Je suis justement en route pour la représentation de la pièce de Rodrigo Garcia au Théâtre Garonne.
J’avais découvert là son travail quelques mois plus tôt, suite à un échange de mails, l’un ayant apprécié l’exposition de l’autre, l’autre, c’est moi, et je fus gentiment invité dans la foulée à voir «C’est comme ça et me faites pas chier» et «Mort et réincarnation en cow-boy». J’ en étais ressorti revigoré avec la ferme volonté d’un jour faire à peu près la même chose ! Le théâtre de Rodrigo bat le pouls de la vie, son écriture est multiple, elle est polyphonique. Le texte, l’image, la mise en scène et les comédiens, chaque partition semble autonome e pourtant se rejoignent dans un élan fébrile et jouissif. C’est un art de la révolte et il est normal que les catholiques intégristes aient pu se sentir agressés, car finalement, eux se moquent du Christ, et ne défendent que leurs certitudes. Rodrigo, lui, parle d’un homme, non pas de l’Homme, un parmi d’autres, il est comme nous et si les religions dans leur essence devaient délivrer un seul message, ce serait sûrement celui-là. Vous vous demandez pourquoi je vous parle de ça, et bien tout simplement car c’est cet événement qui m’a amené à peindre la série que vous allez partiellement découvrir dans ce livret. Je me suis longtemps demandé comment canaliser la flamme que ces barbares avaient allumée en moi. Je venais justement me remettre à la peinture après le tunnel dans lequel je m’étais engouffré depuis la séparation du collectif ALaPlage et la création mutualisée de Lieu-Commun. Il m’a fallu quatre longues années pour me convaincre que je devais reprendre ma pratique artistique si je ne voulais pas devenir ce que j’étais incapable d’être. De toute façon cette décision était aussi l’occasion de repositionner Lieu-Commun sur l’échiquier de l’art et plutôt que d’être un de ces fades espaces d’art contemporain ou un énième centre d’art à la course au label, autant revendiquer ce qui faisait en grande partie la singularité de notre programmation, c’est à dire des expositions signées par un artiste. Pour que cela reste vrai je devais me remettre à la peinture. D’une pierre deux coups, naissance de l’artist run space, et chantier énorme de mon côté.

J’ai toujours collecté du papier, des livres, la presse écrite, des flyers, des cartons d’invitations j’en passe et toujours plus. J’avais bien réalisé quelques «wall sticking» à l’aube des années 2000, dessinant au mur à l’aide de flyers, des images logotypées comme pixellisées, utilisant des cartons informatifs pour leurs couleurs dominantes, mais finalement, mixant sur le même mur des centaines de soirées et d’expositions qui ne font plus au final qu’une seule image. J’ai commencé à oser recouvrir ces supports en me faisant la main sur des affiches de la collection éditée par Agnès b, «Point d’Ironie», beau format affiche, papier gratuit et le plaisir de travailler sur les oeuvres d’autres artistes comme Ryan McGinness ou Gustav Metzger. Se trouvaient également dans ma collection de nombreux cartons du Théâtre Garonne, beau format A5, cartonné, vertical, un support idéal ! Au milieu de toute ces images celle de «Gólgota picnic», sur un fond uni couleur terre, trois corps masculins enchevêtrés, des corps luisants couverts de couleurs. Bien sûr, la construction pyramidale de l’image et son sujet évoquent la peinture de la renaissance, comme si un peintre flamand avait pris un acide et s’était inspiré d’un Pollock pas encore né … Pour faire court, le support idéal pour une peinture expia- toire ! J’avoue que depuis, je dérobe gentiment des petits tas de cartons du Théâtre Garonne afin de peindre à satiété et augmente mon plaisir avec ceux des Abattoirs, au même format et dont et dont les visuels peuvent accueillir un dripping vigoureux mais conscient !
«Gólgota picnic» est une pièce inoubliable de Rodrigo Garcia et par effraction et bien plus modestement, une série de peintures de Manuel Pomar, débutée en 2012, elle persiste encore. D’ailleurs, il me reste des cartons vierges que je conserve pour la prochaine décennie …
Ma peinture est décomplexée et emprunte à la fois aux Histoires imposantes de l’expressionnisme abstrait américain et du bad painting allemand. J’utilise les outils du graffiti pour une mise à distance et une rapidité dans l’exécution. J’esquive le dogmatisme français de Support/ surface en appliquant un protocole flou, format du support et visuel de communication culturelle sont les seules règles immuables. Les outils et motifs sont, eux, fluctuants mais généralement abstraits et le recouvrement non systématique. Ce n’est pas pour me conformer à l’air du temps et sa dictature du cool que je n’applique pas de règles rigides mais pour aller à l’encontre du dogmatisme actuel de la professionnalisation et de l’efficacité. Je pratique une peinture d’instinct, primitive
et rapide, dans son temps. Ma peinture apparaît sur des supports de communication, des images en séries éphémères et jetables, qu’elle arrête dans le temps et recouvre. Elle ne respecte pas le droit d’auteur, elle joue de l’appropriation et imite le
gigantisme à échelle microscopique. C’est une abstraction délurée qui envisage sa circulation, sa proximité, et ne se cache pas dans une tour d’ivoire condescendante, elle gît au mur dans le plus simple appareil. Si j’ai un lien à revendiquer avec son origine, c’est ce qui relie art et liberté. L’art ne peut être que le résultat d’une liberté intacte, non pas triomphante, mais franche, honnête. C’est pour ne pas oublier cette soirée horrifique et jouissive que je perpétue cette série, avec toujours en ligne de mire ,la résis- tance à l’obscurantisme religieux par un geste, certes dérisoire, mais revendiqué.

Manuel Pomar le jeudi 15 novembre 2018.